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Roger VIDAL

Deux fois trente quatre

Nous allions dans les rues espérant dans les cieux
Ces flammes d’incendies aux lendemains promises
Et l’œillet fleurissant au revers des chemises
Juste au dessus du cœur d’un coloris soyeux…
…La petite lueur prisonnière en nos yeux.

C’était je me souviens au printemps d’une vie,
Où commencent toujours tous les temps des cerises
Mais qui s’en vont ainsi emportés par les brises
D’un printemps finissant au juin qui dévie
Vers les mois de l’oubli où l’été nous convie.

Nous hérissions les rues d’étranges barricades,
Et nous nous réclamions de ces marées profondes
Qui périodiquement rebattissent le monde
Avec leur cœur, leur sang, leur âme en embuscade
Qui s’évade toujours en de vaines croisades.

Et nous avions pourtant commencé à la faire
Cette joie du grand soir qui renverse les murs
Mais nous ne savions pas que le fruit était mûr
Pour tous les abandons et toutes les affaires…
Contre un soir d’élection, il n’y a rien à faire.

Toi et, moi, elle ou lui, méprisant le mensonge,
Nous avons tant marché que se plient nos genoux
Je sais, si je dis « Je », c’est encore de nous
Que je parle toujours en décrivant ce songe
Alors que devant nous est l’ombre qui s’allonge.

Pierre tu t’appelais, et toi Marie Clément
Et vous, Anne, Julien, sous les pavés la plage
Il me reste vos noms et si peu vos visages
Et puis sous nos pavés le rêve seulement,
La vie aura passé sans l’accomplissement.

Ce soir le vent soufflait trois notes sans accord,
Au seuil de mes vingt ans, un air en fa, do, ré,
Mais demain reviendra et je vous oublierai,
Et l’ombre devant nous s’allongera encor
La vie va, la vie vient, seul reste le décor

Car tout est dans le bruit, peut être l’espérance,
Où nous aurons vécu, tout est dans l’apparence.

Aout 2011