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Roger VIDAL

Ce qui va demeurer

Ah j’irai bien un jour dans ce temps sans frontière
Sans espoir de l’après aux doux parfum d’ennui
Peut être enfin uni au cœur de la matière
Effleurant de mes pas les sentes de la nuit

Et je ne serai plus qu’en la statue de marbre
Posée au fond du parc, au juillet triomphant,
Au simple froissement d’une risée dans l’arbre
Aux cascades perlées du rire des enfants

J’aurai pris tout le sel d’un étier de Guérande,
D’un embrun d’Ouessant, d’une vague d’Honfleur,
La goutte de rosée posée comme une offrande
À la fin de la nuit, au calice des fleurs.

Que me restera-t-il des cadeaux de la terre,
Le tableau dans le soir d’un nuage empourpré
Les musiques de pluie ou les mots de mystères
Du ruisseau murmurant aux limites des prés.

Et j’aurai oublié sûrement tout le reste
Tous mes restants d’espoir, mes surplus de rancœur
Les mots qui furent tus et peut être les gestes
Mais sera toujours là ton image en mon coeur.