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Roger VIDAL

Amours tendres

Redis moi nos printemps et nos fleurs piratées,
Nos espoirs revenus au coin du pont de pierre
Et ce torrent grondant, de neiges éclatées,
Et toi qui m’attendais ma belle aventurière
Derrière le tilleul tout prés, de l’abreuvoir,
Superbe fiancée, nos dix ans révolus,
Ma brunette entressée, qui savais m’émouvoir
En se faisant la belle aux goûters d’absolus
Sur mon harmonica qui pleurait dans le soir.

Redis moi nos baisers sur nos fronts, sur nos joues
Ces bisous de douze ans aux lèvres bien serrées
Redis moi ces bécots échangés comme on joue
A être des plus grands et déjà libérés.
Redis moi la chanson au palmarès du mois
Ma petite amourette au coin du mimosa
La maladie d’amour courait de tant d’émois
Que même ce chanteur qui nous la composa
Ne l’aurait rattrapée de chez toi à chez moi.

Et de cette affection jamais n’en ai guéri,
Ah j’ai cru bien des fois au remède miracle,
Mais toujours rechutant et jamais aguerri
Car cette maladie, par delà les obstacles
De toute médecine, a toujours refleuri.
Redis moi notre enfance au temps qui finissait,
Tout prés de ce vieux pont en ces soirées d’avril
Et nos corps enlacés, déjà bouleversés
Et toi qui ne voulais te découvrir d’un fil.

Redis moi ce sentier, au milieu, plein de flaques,
Ces odeurs de jasmin venues d’on ne sait où,
Ces cloches qui chantaient nos vacances de paques
Ces rumeurs de printemps qui venaient de partout;
Redis moi nos accords aux cheveux mélangés,
Cette meule de foin où l’on se faufila,
Et puis tous ces toujours aux serments échangés
Je te jure à dix ans, dans l’odeur des lilas
C’est si bon de jurer qu’on va tout partager.


Redis moi aujourd’hui, que la vie est passée,
Ce qu’il reste de nous et de ces heures là,
Un coin de la mémoire aux souvenirs classés
Aux tiroirs ordonnés, au goût du chocolat
Et ta jupe plissée, froissée de ma passion,
Redis moi ces soupirs de nos cœurs, exprimés,
Qui nous en rajoutaient une once d’émotion
Redis moi si c’est ça qu’on appelait s’aimer,
Qu’on appelait s’aimer sans autre explication.

Oui s’aimer, oui s’aimer, sans autre explication.