Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Richard BUFFAT

Le magicien

Le vieil homme à la moustache blanche
Le visage pâle et terne
Entre dans la pièce
Il s’assied, il maugrée
Son regard est triste, posé au bord du vide
Le poids des ans l’essouffle
Le poids de son gras l'affaiblit
Il est fatigué, épuisé, ne peux plus lutter
Veux se laisser aller, partir pour oublier
Le bras appuyé sur la table, le corps penché en avant
Blanchi par les décennies sans soleil
Avachi, il pense
Il rumine les bons souvenirs du passé
Ils ne suffisent plus, ses couleurs ont disparu
Un timbre de voix particulier interrompt sa morosité
Le temps ralenti doucement
Les aiguilles de l’horloge avancent lentement
De plus en plus lentement
L’aiguille des heures s’arrête
Celle des minutes la suit
Celle des secondes aussi

Le timbre de voix vibre à nouveau
Tel un prisme sonore
Il éclate la blancheur fade de l’existence
En couleurs vives d’arc en ciel
Le temps s’est arrêté
Le vieil homme au teint pâle et à la moustache blanche
Croise le regard du magicien qui parle
Le temps reste immobile un long moment
Le vieil homme au teint pâle et à la moustache blanche
Observe fasciné
Deux lèvres rouges bien dessinées
Deux lèvres rouges qui sourient
Les deux lèvres rouges qui délivrent le timbre de voix
Formule alchimique
Doucement, tout doucement
Les aiguilles de l’horloge recommencent à bouger
A l’envers
Le futur devient absent
Le passé devient présent
L’homme au visage mate et à la moustache grise
S’allège
Le regard du magicien illumine le sien
Le jeune homme au visage mate et imberbe
S’élève
Dans les yeux de l’enchanteur, les souvenirs sont matière
L’enfant au visage lisse et à la peau dorée
S’envole
Deux iris noirs, perles vivantes et rares, observent
Attendris
Satisfaits
Le nouveau né, blottit contre le sein maternel, tête
Une goutte de lait, glisse sur sa joue
Tombe sur le sol
La blancheur du liquide éclate dans la pièce
Le rire du magicien emplit l’espace
Un arc en ciel inonde le lieu
Illumine la scène
Comme un fleuve infini