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René DOMENGET

Le lion, la biche et l'éléphant.

Un lion était, dit-on, amoureux d'une biche,
Cela semble peu sûr, j'en conviens aisément;
Mais, malgré nous souvent un sentiment s'affiche,
Et parfois de la vierge un barbeau est l'amant.

Il aurait pu sans risque approcher d'une lionne;
Il en était, tout près, aux regards aguichants,
Ayant tous les attraits qu'un bon mâle affectionne
Et prêtes à céder au zéphyr caressant.

Mais, notre lion têtu ne voyait que sa biche.
Ne se souciant fort peu de ce qui séparait,
La belle créature par surcroît très riche,
De cet être fourbu, pas beau sans être laid.

Notre belle trônait au milieu de sa harde,
Sans porter attention, ne fusse qu'un instant,
Aux regards langoureux, à l'allure gaillarde
Que prenait notre sire espérant un élan.

Or donc il s'approcha doucement de sa belle,
Pensant pouvoir, au moins, lui murmurer un mot,
Mais au triple galop partit la jouvencelle
Protégée par les bois des mâles du troupeau.

On a beau être lion réputé invincible,
Ils étaient plus de cent, quand lui était tout seul,
Lorsque tant de regards vous prennent pour la cible,
Accepter le combat c'est tisser son linceul.

Notre amoureux déçu battit donc en retraite,
Dépité de se voir arrivé aussi bas,
Et pour qu'aucun affront ne manqua à la fête,
Il perçu que de lui on riait aux éclats.

Tout penaud, miséreux, il traînait l'âme triste,
Ne sachant à quel saint il fallait se vouer,
Lorsque dame fourmi lui dit qu'un spécialiste,
Dans son cas il fallait, sans tarder, consulter.

Dans l'immense forêt vivait alors un sage,
Un de ces éléphants éternels baroudeurs,
Qui savait de la vie et de tous ses usages
Toutes choses pouvant vous assécher des pleurs.

Notre ami s'en vint dont consulter en confiance.
Le bon vieux patriarche écouta sans broncher,
Les peines que ce lion confiait à sa science,
Recherchant en son cœur les mots pour consoler.

Quand le lion eu vidé toutes ses doléances,
Le vieux maître resta assis là devant lui,
Secouant lentement son gros chef en silence
Qu'on pu croire un instant qu'il s'était endormi.

Puis, sans même daigner soulever ses paupières,
Il laissa vers le lion s'en aller cet arrêt:
"Messire", lui dit-il, "grande est votre misère,
Car pour votre malheur, et j'en suis au regret