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René DOMENGET

En toute Liberté


Quitte à faire frémir Malherbe dans sa tombe,
Ou de persécuter les mânes de Boileau,
Je veux, lorsque ma muse à s’épancher succombe,
Mes vers ne sentent pas l’effluve du tombeau.

Venant plus de cent ans après les romantiques,
Poètes nous devons poursuivre l’aventure,
Tout au long de nos vers transmettre les musiques,
Vibrer avec le temps, chanter notre nature.

Pourquoi donc enchaîner nos idées dans des fers,
Qui siècle après siècle sont tellement rouillés,
Qu’un troubadour a pu, oui mais c’était Prévert,
Atteindre des sommets, s’en étant dépouillé.

Sans prétendre vouloir le suivre pas à pas,
Conservant la cadence en écartant la rime,
Contre Rapp et Techno menant l’art au trépas,
Repoussons de nos vers tout ce qui les opprime.

Laissons notre pensée courir en liberté,
Aller sur les chemins des plus grands sentiments,
De peindre notre temps faisons notre fierté,
Et laissons au passé ses interdits charmants.

Seul si un beau matin fleurit sous mon bonnet,
Je ne sais quel rondeau, ballade ou bien sonnet,
Pour le respect des Grands, je resterai conforme,
Ma plume bien guidée respectera la forme.

Mis à par ce cas là, qu’importe qu’on me dise,
Classique ou libéré, stoïcien, parnassien,
A nulle Académie mon œuvre n’est promise,
Déesse Poésie reconnaîtra les siens,

En toute liberté je veux laisser ma Muse,
Tracer sur le papier la musique des mots,
Et pourvu qu’à ce jeu, la coquine s’amuse,
L’alternance sera vaine et les hiatus beaux.

Chambéry 1998