L’apôtre est habillé d’une chemise en toile Dont le col faiblement entrebâillé dévoile, Derrière le tissu, la poitrine amaigrie D’un digne pèlerin à l’ascèse, aguerri. Il tient entre ses doigts la longue plume frêle Pour consigner les mots de la bonne nouvelle. Sa barbe et ses cheveux, épais et argentés, Lui donnent une aura d’ineffable bonté Et cet air patiné de sagesse accomplie Qu’affichent les vieillards à la vie bien remplie. Il est penché vers l’ange, enfantin et joufflu Qui présente un sourire en guise de salut Et dont le doux regard dit avec pertinence Toute la pureté de sa divine essence. Le regard de l’apôtre est quant à lui hanté Par l’illumination dont il est habité. Et c’est ce qui dans l’art du peintre est admirable De saisir d’un seul coup de pinceau impeccable La multiplicité des sentiments que peut Exprimer tour à tour la fenêtre des yeux.