Derrière les maisons hautes du boulevard Qui limite Paris et tout le jour endure L’agitation urbaine et le trafic bavard Se trouve une profonde entaille de verdure.
Sur les flancs du remblai livré à l’abandon, Une végétation d’herbes folles prospère, Des arbres spontanés, du lierre vagabond, Un désordre savant de flore buissonnière.
Au fond de la tranchée, on distingue toujours Une paire de rails qui n’est plus qu’affective Car sur la vieille ligne au milieu des faubourgs Ne circule à présent plus de locomotive.
Le promeneur curieux et un brin motivé Peut suivre en pointillé la voie ferrée discrète Qui se fraye un chemin au-dessous du pavé Entre immeubles et ponts, souvent à l’œil soustraite.
Au hasard de ses pas, égrenant ces jalons, Se dira-t-il, voyant la petite fenêtre Qui perce par endroit un grand mur de moellons Qu’une belle inconnue y demeure peut-être ?