Vos
poèmes

Quand le beau temps est abrogé,
Aux premiers frimas de l’automne,
Dans mon abri aménagé,
Chaudement, je me pelotonne.

Après des orgies de soleil
Et de frivoles galipettes,
Je fais provision de sommeil
Dans le terrier qui m’assujette.

La bise peut bien tempêter
Au-dehors et geindre à ma porte
Comme le gel faire éclater
La pierre sous sa poigne forte,

Dans ma couette, saucissonné,
Leur morsure ne peut m’atteindre
Tant j’ai si bien emprisonné
Ma chaleur en ce doux cylindre.

Mais si mon corps goûte à loisir
Les félicités de la trêve,
Se contentant de maintenir
La circulation de sa sève,

Mon esprit, loin de tout repos,
Ne tourne pas en sous régime
Et conduit même un bon tempo
Dans l’activité qui l’anime.

Ayant glané mille couleurs,
Mille tableaux et mille images
Durant les beaux jours racoleurs,
Il en fait dès lors moult usages.

Solitaire autant que studieux,
Du plus profond de sa retraite,
Il nage dans des ciels radieux
Et aux quatre horizons furète.

Il élabore des objets
Qu’il cisèle dans sa patience
Et mène à bien de vieux projets
Restés jusque là en latence.

Le silence où il se confond
Est l’énergie qui l’asticote,
A-t-elle dans son nid profond
D’aussi beaux rêves, la marmotte ?