Les compagnes de route
A la petite fille en jupe et en socquettes
Qui me faisait frémir quand j’étais écolier
Et à l’adolescente aux lutines mirettes
Qui, au lycée, était mon rêve familier,
A celles dont j’ai pu goûter un soir les lèvres
Pour un flirt maladroit seulement ébauché
Et à celle qui m’a laissé de tendres fièvres
Au souvenir d’un slow unique et rapproché,
A la jeune maîtresse auprès de qui, sensible,
J’ai appris, de l’amour, toutes les voluptés,
A la compagne qui se montre compatible
Pour vivre au quotidien de mes étrangetés,
Aux femmes désirées mais au regard desquelles
J’ai bien vu que j’étais quelconque et transparent
Et aussi tout autant révérencieux, à celles
Qui, déçues, m’ont trouvé par trop indifférent,
Aux occasions manquées qui auraient pu peut-être
Avec moi partager un morceau de chemin
Mais hélas que je n’eus pas l’heur de mieux connaître
Et dont le rendez-vous resta sans lendemain,
Au sourire parfois qu’une belle inconnue
M’a offert en passant dans la trame des jours,
A l’exotique fleur orientale venue
Panacher le bouquet de mes chastes amours,
A la voix sensuelle entendue sur les ondes
D’une radio un soir et qui m’a réchauffé,
A l’actrice charmante et aux formes girondes
Dont la prestance m’a, le cœur, apostrophé,
A l’héroïne de roman si attachante
Que j’en suis devenu pour un temps amoureux
A la passante qui de son allure enchante
Et laisse dans l’esprit un sentiment heureux,
A tous les spécimens de la gent féminine
Qui savent générer leur dose d’émotion,
A Iseut, Bérénice, Angélique, Amandine
Et tant d’autres prénoms riches d’évocation,
A toutes ces beautés, ces compagnes de route
Qui ont illuminé mon parcours de soleils
Et qui m’ont requinqué dans les moments de doute
Rien qu’en m’inoculant leurs philtres nonpareils,
Je veux dire aujourd’hui : Toutes autant vous fûtes
L’arc-en-ciel qui repeint en couleurs l’horizon,
Chasse la dépression et les bourrasques brutes
Et annonce, du spleen, la proche guérison.
