Vos
poèmes

Quand j’ai rencontré cette belle,
Je n’avais pas plus de vingt ans
Et je me suis entiché d’elle
Par le plus matois des printemps.

C’était une fille fantasque
Et son instinct de liberté
M’a fait faire plus d’une frasque
Que je ne saurais regretter.

Nous avons cheminé ensemble
Tenus par un lien vigoureux,
Baignant dans l’ivresse qui semble
L’apanage des amoureux.

Certes, nous menaça l’usure
Et ses moments de froid adjoints
A redouter la déchirure
Mais l’un de l’autre jamais loins.

Pire, je dois le reconnaître,
Elle m’a fait parfois faux bond,
Laissant tout un pan de mon être
Comme livré à l’abandon.

Moi-même souvent sous l’emprise
D’une futile occupation,
J’ai manqué à mainte reprise
De lui prouver mon affection.

Ces trahisons contrevenantes
Ont mis le doute en mon esprit
Et fait projeter des tangentes
Par où fuir de ce parti pris.

La folie, c’est pour la jeunesse,
Me disais-je cycliquement,
Pourquoi courir après l’ivresse
Quand l’heure est à l’apaisement ?

Prodigues de paroles sages,
Des proches semblaient me tanner
D’arrêter ces enfantillages
Et d’ainsi ne pas m’obstiner.

Mais sourd à tout argumentaire,
Je reste fidèle à mon cœur
Et ne me résous pas à taire
Un sentiment plein de valeur.

Avec le temps ma peau se plisse
Et mon crâne se dégarnit
Mais toujours est là ma complice
Et mon béguin n’est pas fini.

Oui, malgré l’âge qui avance,
Je ne suis pas las de l’aimer,
Cette muse de connivence
Qui a su jadis me charmer.