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Renaud BOSC

Le pays

France, terre fertile en précieux bonheurs tendres,
Moi qui fus honoré d’être de tes enfants,
Il est temps que je dise à qui voudra l’entendre
L’irrépressible amour dont, pour toi, je me fends.

Je chanterai d’abord tes chemins innombrables,
Tes routes, tes sentiers, tes drailles, tes layons
Que j’ai toujours plaisir à suivre, indécrottable,
Comme le laboureur appliqué, son sillon.

J’aime à te regarder quand je suis en voyage,
De la vitre d’un train qui file sur ta peau,
Voir tes formes racées, tes forêts, tes rivages,
Les rondeurs de tes monts, les courbes de tes eaux.

Si je pars quelquefois en marches solitaires,
C’est pour bénéficier d’un peu d’intimité
Avec toi et, muet, comme un amant austère,
Jalousement jouir de ta chère beauté.

J’ai besoin de fouler tes cimes et tes plaines,
De fatiguer mes os sur ton sol généreux,
Mais aussi m’allonger sous un pin ou un chêne
Et te sentir bercée par des vents amoureux.

Et après des journées ou des nuits d’ermitage
A pénétrer, comblé, ta nature, gratis,
C’est encore un plaisir que de joindre un village,
M’asseoir dans un café pour retrouver tes fils.

J’aime les écouter raconter leurs affaires
En les passementant de leurs forfanteries,
De « ça va-t-y mon gars ? », de « ça va pas le faire »,
De « bou diou ! », de « oh fan ! » et de gauloiseries.

Qu’il est réconfortant, qu’il chante à mon oreille,
Ce parler mélodieux sans le moindre bémol
Qu’ils ont empanaché de perles nonpareilles,
Les Ronsard, Rabelais, les Hugo et Pagnol.

D’autres ont imprimé dans ta terre ou tes pierres
Leur peine et leurs talents en œuvres travaillées
Pour rendre au fil du temps plus belles et altières
Tes campagnes soignées, tes villes historiées.

Je t’ai pourtant été quelquefois infidèle
En fréquentant aussi certains de tes voisins
Qui demeurent aux yeux de leur peuple un modèle
Plein d’attraits, de chaleur et de charme assassin.

Mais enfin, plus me plait la douceur angevine,
Les couleurs de Provence ou le granit breton
Et cette nonchalance avisée qu’on devine
En trainant dans les bourgs du vieux pays gascon.

Mon idylle avec toi est une promenade
Où je ne crains jamais d’user mon intérêt,
Il me faudrait plusieurs de ces vies de nomade
Pour découvrir les plus enfouis de tes secrets.