Vos
poèmes

Sur les marchés de nos bourgades
Qui animent les esplanades
Et mettent nos sens en éveil,
Parmi les monceaux de légumes
Et les farandoles d’agrumes
Pleinement gorgés de soleil,

Au milieu des tissus, des nippes,
Des couvre-chefs de tous les types,
Des odeurs que nous poursuivons,
Des aromates, des épices,
Si l’on est sous de bons auspices,
On trouve un étal de savons.

On peut y faire la provende
Des parfums d’anis, de lavande,
De muguet, lilas, abricot,
De mimosa, de pamplemousse,
De verveine, d’amande douce,
De rose ou de coquelicot.

Certains affichent la noblesse
De se vouloir au lait d’ânesse
Ou au beurre de karité,
A l’huile d’argan ou d’olive,
Voire à l’argile curative,
A l’extrait de feuilles de thé.

Qu’ils soient d’Alep ou de Marseille,
Surgras, nourris au miel d’abeille,
Additionnés d’un exfoliant,
Ils sont frappés d’une estampille,
Un sceau orné qui les habille
De la patte du négociant.

Quel plaisir d’être sous la douche
A l’abri du monde farouche
Et tout nu comme au premier jour
Avec cet objet que l’on frotte,
Que l’on hume et qui ravigote
Fort de sa mousse pour atours !

Qu’ils soient ronds, ovales, cubiques
Ou parallélépipédiques,
Je tiens ici à célébrer
Leur action qui nous débarrasse
Des miasmes et qui nous délasse
Dans un climat édulcoré.

Aussi, pour soigner ma toilette,
Je fais cycliquement l’emplette
De ces produits miraculeux
Qui, par une alchimie rapide,
Passent de leur état solide
A un baume voluptueux.