Vos
poèmes

Je me promène dans la vie
Comme un alpiniste en montagne
Avec des pensées, des envies
Qui, en sourdine, m’accompagnent.

J’ai connu des hauts et des bas,
Parfois au-dessus des nuages,
Parfois dans la purée de pois,
En plus ou moins bon équipage.

Sur un parcours en dents de scie,
J’ai eu des points de vue sublimes
Mais me suis retrouvé aussi
Plus d’une fois près de l’abîme.

J’ai vu des cieux étincelants
Et tressailli sous les tapages
Que dans leurs coups de sang violents
Savent produire les orages.

Si, de l’ivresse des sommets,
Je sais la teneur lumineuse,
Tout comme l’euphorie qui naît
A l’aube de courses fameuses,

Je pourrais aussi témoigner
De cette angoisse qui s’installe
Et dont on est vite imprégné
Dans le cœur d’une nuit glaciale.

Il me faut ainsi convenir
Qu’au sentiment d’être invincible,
Succède la peur de mourir
Dans un dernier plongeon horrible.

J’ai connu de franches cordées
Mais mes victoires les plus chères
Se sont malgré tout décidées
Dans un assaut en solitaire.

Les beaux instants libérateurs
Que ces bien trop rares conquêtes
Dont les enivrantes hauteurs
Enchantent encore ma tête !

Ma volonté s’est mesurée
A quelques aplombs remarquables
Mais doit maintenant aspirer
A des reliefs plus raisonnables.

Je crains même les mauvais jours
Où se prépare le grabuge
Et l’on me voit plus qu’à mon tour
Demeurer planqué au refuge.

Mais dans le brouillard qui me ceint,
Je guette la trouée infime
Pour me risquer à mon dessein
D’un nouveau départ vers les cimes.