Vos
poèmes

Moi qui ai toujours été sobre
Dans la recherche du soleil,
Lorsque revient le mois d’octobre,
Je m’en soucie dès le réveil.

Sa lumière est moins agressive
Qu’au milieu du défunt été
Et, dans sa douceur excessive,
Touche ma sensibilité.

C’est une lumière modeste,
Défaite de la tyrannie
Qui, durant juillet, nous moleste
A force de pyromanie.

La voici maintenant câline,
En manque flagrant de vigueur,
Semblable à la proie qui devine
L’approche de son prédateur.

Son vibrant numéro de charme
Qui chaque automne me séduit
Révèle sa pénurie d’arme
Pour se défendre de la nuit.

Dès le matin elle m’enchante
Quand reste au fond de la vallée
Un lit de brume qui serpente
Avant de vite s’envoler.

Comme une amoureuse compagne,
Elle m’aguiche tout le jour,
Que je traîne par la montagne
Ou lézarde dans une cour.

Lasse d’infidèles promesses
Et de courir le guilledou,
Elle m’inonde de tendresses
Tout en me caressant la joue.

Ce sont de chatoyantes flammes,
De tardives félicités
Comme peut en prodiguer dame
Qui sait que son temps est compté.

Car le soir rapide s’approche
Peuplé d’ombres en bataillons
Et bien que, tragique, elle accroche
Aux branches ses derniers rayons,

La nuit sans pitié et gloutonne,
Comme un ogre au grand appétit,
Sous mes yeux tristes et atones,
Dans une bouchée, l’engloutit.