Vos
poèmes

Si vous allez un jour en Grèce,
L’esprit curieux et poursuivant
Un autre but que la paresse
Des sybarites estivants,

Si l’aventure vous tiraille
En dehors des sentiers battus,
Dans les maquis et la pierraille
Pour vivre l’Idylle in situ,

Vous la rencontrerez sans doute,
Ignorante du bon accueil,
Sauvage, sans gène, filoute,
Et l’air moqueur au coin de l’œil.

Elle n’aura pas fait toilette
Pour vous recevoir dignement
Et ne fera pas de courbette
Manifestant son dévouement.

Ses manières sont un peu brutes
Et sa coiffure négligée,
Son poil, poussiéreux et hirsute
N’est pas par le peigne arrangé.

Sa lèvre n’est pas délicate
Comme celle d’un agnelet,
Son régime plutôt spartiate
N’étant pas de gazon anglais.

Pourtant le poète Virgile
Et Théocrite, son ainé,
Ont chanté sa beauté agile
Dans des églogues raffinées.

Elle était là avant Homère
Sur cette terre dépouillée
Qu’elle ne voit pas comme mère
De nos démocraties choyées.

Elle gambade dans les ruines
Des antiques temples païens
Ou des églises byzantines
Abandonnées par les chrétiens.

Elle folâtrera encore
Demain sur les restes déserts
De ces hôtels qui par pléthore,
Enlaidissent les bords de mer.

Car sa rusticité l’entraine,
Devant l’épreuve, à faire front,
Rompue à la neige soudaine
Aussi bien qu’au soleil de plomb.

Insensible à toutes les modes
Et à l’humaine condition,
Nul événement ne corrode
Sa simplissime condition.