Vos
poèmes

Il pourrait sembler inflexible
Comme un précieux subordonné,
Un bon soldat qui prend pour cible
L’objectif qui lui est donné.

Au poste, il est toujours fidèle
Quand ses services sont requis,
Une rigide sentinelle
Dont l’à-propos paraît acquis.

Il est fougueux à la manœuvre
Et nul n’a pu le regarder
Comme une indolente couleuvre
Occupée à s’acagnarder.

Pourtant lorsqu’on le sollicite
Il peut parfois faire faux bond
Et ainsi causer la faillite
D’une action par son abandon.

S’il n’en fait qu’à sa fantaisie,
Ce n’est pas de la lâcheté
Ni une soudaine lubie
Pour l’anarchie ; en vérité,

C’est que le trac le paralyse
Et qu’il a par trop de respect
Pour le bastion qu’il sacralise
Et dont il doit troubler la paix.

D’autres fois lorsque se fomente
Dans le secret un fameux coup,
Avant qu’on ne l’enrégimente,
Il est déjà au garde à vous.

Et qu’en sa présence on évoque
L’idée exquise du déduit,
Sans qu’une gêne ne le bloque,
Il est sitôt droit comme un i.

Même au repos loin de la lice,
Caserné à l’isolement,
Il fait tout seul son exercice
Avec rigueur et engouement.

Comme le disait Aristote,
Tout pénis bien constitué,
Autant que le cœur, sans pilote,
Peut de lui-même remuer.