Désirée
De toutes les fleurs qui fourmillent
De leurs mille éclats aux Antilles
Dans les jardins exubérants,
M'est avis que, ma demoiselle,
S'il faut désigner la plus belle,
Tu peux te mettre sur les rangs.
Fi des flamboyants qui s'étalent,
Des plumerias à cinq pétales
Et des oiseaux de paradis,
Des allamandas et leurs lianes,
Des hibiscus mégalomanes,
Tous également applaudis,
Car à leur faste je préfère
Evoquer la tendre atmosphère
Qui enveloppe ta beauté
Autour de laquelle en orbite,
Avec intérêt je gravite
Comme un papillon envoûté.
Je suis attiré sans conteste,
Et ma maladresse l'atteste,
Par tes longs cils si bien coiffés
Et, rassemblés drus sur ta tête
Dans une rouge bandelette,
Tes grands cheveux ébouriffés.
Ce n'est pas une idée factice,
Ta peau caramel de métisse
M'inspire plus d'admiration
Que mon pauvre visage pâle
Que nul soleil ici ne hâle
Avec autant de distinction.
Et que dirai-je des courbures
Qui, en se combinant épurent,
De ta silhouette, le dessin,
Sinon qu'en saisir la sveltesse,
Pour un artiste plein d'adresse,
Est le plus ambitieux dessein.
Ce doit être un fameux voyage
Que d'appareiller sans bagage
Vers des horizons inconnus
Dans une chambre ensoleillée,
De couleurs chaudes, émaillée,
En couple avec toi, seuls et nus.
Jamais sans doute j'imagine
Depuis sa lointaine origine,
Prénom n'a été mieux porté,
Car, adorable Désirée,
Par bien des galants, désirée,
Je te sais l'être en quantité.
