Vos
poèmes

Quand un souffle d’espoir
Me trotte dans la tête,
Sur mon clavier, le soir,
Mes doigts font des claquettes.

Condamnés à l’entrain
Par l’ère informatique,
Le progrès les contraint
A cette gymnastique.

Pour pouvoir aligner
En chapelet des strophes
Qui sont égratignées
De points et d’apostrophes ,

Pour que, manigancé,
Sur l’écran blanc, s’affiche
En ordre policé,
Le poème fétiche,

Et pour manipuler
Le traitement de texte,
Outil auréolé
De l’actuel contexte,

Ils font des entrechats
Compliqués sur les touches
Et maîtrisent des pas
De prime abord farouches.

Quand ils étaient avant
Autour de la matière
D’un crayon, connivents,
Groupés comme des frères,

Les voici combinards,
Exposés au problème
De faire un grand écart
Pour joindre l’a au m.

Dans un ballet nerveux
Qui trépide et crépite,
Souples et anguleux,
Leurs petits corps s’agitent.

Cette chorégraphie
Qui force la nature
Aujourd’hui codifie
Le jeu de l’écriture.