La pièce silencieuse est au premier étage, A peine y entend-on les bruits de la maison ; Tout le côté du fond est garni d’un vitrage D’où la lumière peut pénétrer à foison.
Du dehors vient un peu des rumeurs de la ville, Les cris des bateliers qui chargent de paquets Les paisibles chalands des chemins fluviatiles Et les jeux des enfants dispersés sur les quais.
On a toute licence au grand jour des fenêtres De, par dessus les toits, observer dans le ciel Les nuages flottants où l’on sait reconnaître Des tons de vert, de jaune et de bleu graduels.
Sur un bahut à droite, un pot de céramique Contient tout un bouquet de pinceaux variés Tandis que pêle-mêle, en désordre anarchique, Un bureau est chargé de livres et papiers.
Il y a une chaise en cuir qui prédomine Avec des clous de cuivre en riche fixation Et dont les hauts montants du dossier se terminent, Raffinement sculpté, par des têtes de lion.
Auprès du chevalet se trouve une cambuse Où l’on fait les couleurs dans un rite ancestral, Le jaune massicot, l’outremer, la céruse, L’ocre, le vermillon et le noir animal.
C’est toute une atmosphère imprégnée de noblesse Qui sent l’huile de lin et le meuble ciré, C’est le lieu préservé des sournoises bassesses, Des travaux quotidiens toujours réitérés.