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Rémy BERTRAND

A toi , mer de tous les espoirs

Lorsque, la nuit volait l'horizon, j'observais
Au travers des persiennes, le majestueux
Cap Martin illuminé en son cœur braisé
Et se castrant comme chaque soir nuageux
Où la lune offrait ses rêves sous d'autres cieux.

Mes yeux parcouraient les contours du golfe mais
Déjà ils se voilaient d'un manteau noir. La mer
D'un calme méditerranéen la journée,
Semblait nous rappeler ses humeurs éphémères.

De ses griffes, elle lacérait les abords,
Puis martelait notre bonne terre. Sans cesse,
On entendait un murmure, réglant le sort
Des rochers battus et lisses comme des fesses,

Un long sifflement pareil à une succion,
Lorsque le ressac prenait dans ses bras, poussière
Après poussière le résultat de ses conquêtes.
A chaque nouvel assaut, la composition
Devenait symphonie. Comme les lavandières,
La trame musicale prenait un air de fête.

Ses chants berçaient nos âmes, enivraient un bon
Millier d'êtres qui la nuit encor, arpentait
Le vieux chemin de terre aux pieds des maisons
Seigneuriales qui hantaient le Cap, ou s'embrassait

Fiévreusement, la peau embellie sous le fard
Sablonneux. La marée ne pouvant les atteindre,
Ramifiait un piège détourné par nos barbares.
Les jets iodés bombardaient l'air chaud. Comment peindre

Ce lieu, embrassé d'un parfum glissant sur tous,
Violant leur peau, estompant les échancrures,
Coulant des caresses jalousées par les gousses
Amoureuses de leurs superbes cambrures?

Alors on pouvait écouter, les longs soupirs
Des corps assouvis. Les âmes livrées aux proies
Embrasées, s'extirpaient de ces haillons de cire,
Volant au son des muses bien trop belles sous leur soie.