Une plume vide sur une page blanche, Un esprit brumeux sur d’amples tristesses, Des ombres passent dans une rue qui penche, Un ciel sans couleurs, des humeurs détresses.
Je suis à marée basse, mes flots ne bougent plus. J’ai jeté dans l’eau une brassée de souvenirs Ils s’éloignent et se séparent, fleurs aux disparus. Je regarde le sable : il est temps de partir.
J’ai regardé vers l’Ouest, le soleil se couche. Demain sera naissance, la lumière revenue. J’ai posé là mon sac, un baiser sur la bouche. J’ai repris mon bâton et je suis parti nu.
Je marche vers Saint-Jacques en mendiant de la foi. Je ne compte plus ni les jours ni les mois passés. Je mets ainsi mes pas dans les pas de grands rois Et mes haillons deviennent toile damassée.
Je marche au fond d’un val l’esprit en arrière Je bascule en avant sans remords ni regrets. Je quitte ce monde aux étoiles amères. Je regarde au loin : je suis presque arrivé.
Mes jambes ont disparu, je ne suis plus qu’esprit Mon cœur attend là-bas, au creux des montagnes. Je contemple la côte d’où l’espoir est parti. Ils rêvaient comme moi de pays de cocagne.
Je glisse doucement vers cette page blanche, J’y écris maintenant les histoires de ma vie. Peu importe qui je suis ou sur qui je me penche, Je rêve un peu le soir, mes amours sont ici.
J’ai laissé mon bâton et j’ai repris mon sac. Des lumières sont nées au fond des pénombres. Je regarde la mer : ses flots bougent au ressac, Je suis apaisé, je n’ai plus peur des ombres.
