Vos
poèmes

Si j’étais un arbre,
Je ne saurais pas
Quel tronc j’aimerais porter,
Droit, lisse, noueux, rugueux,

Je crois que je voudrais
Etre tout cela à la fois,
Pour connaître toutes sortes
D’animaux et insectes,

Qui auraient élu domicile
Entre les écailles de ma peau,
D’autres se seraient pétri le poil,
Pour se débarrasser de leurs tiques.

J’aurais vu apparaître
A l’endroit de leurs frottements,
Une légère pâleur,
Puis un cerne blanc,

Qui aurait remplacé
En pleine forêt,
Les cœurs classiquement gravés
Des amants, enlacés.

Quand l’arbre-ermite
Croît loin de l’ homme,
Il n’entend plus
Le staccato du pic-vert
Lui jouer son drôle d’air.

Quand on est arbre,
Si ses bras lui sont tombés,
Il ne pourra plus contrer
Le frôlement du sanglier.

Il endurera
Autant qu’il pourra.
Il espère pourtant
Les voir repasser.

L’ arbre-poète contemple,
Ses feuilles tomber
Qui lui font au pied
Un admirable tapis doré.

S’il demeure
En bord de rivière,
Ses feuilles embarqueront
Sans bateau sur l’eau.

Sans un seul au-revoir,
Elles pourraient atteindre
L’océan jamais parcouru.
Où elles arriveront peut-être.

Les feuilles jouets du vent,
Font en l’air de jolies figures,
Géométrie musicale,
Jusqu’au sol où elles se font un peu mal.