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Pierre CARRE

Les blés


En mai, le blé frissonne et, sous le vent, balance,
Le champ est vert encore et commence à jaunir,
De son feu le soleil va le faire mûrir,
Alors, patiemment, en attendant, il danse.

Voulant imiter l'art des grands enlumineurs,
L'été fleurit les champs, les pare de couleurs :
Les bleuets ont jeté de l'azur goutte à goutte
Et les coquelicots, un peu jaloux sans doute,
Ont ajouté partout des taches de rougeurs.

Et quand, un peu plus tard, survient la canicule
Alors un courageux et hardi promeneur
Peut entendre craquer, écrasés de chaleur,
Les épis déjà secs que l'ardeur du ciel brûle.

Autrefois — en ce temps j'étais encore enfant —,
Fin juin, lorsque l'école arrivait à son terme,
Mes vacances alors se passaient à la ferme
Chez ma tante Marie et mon oncle Fernand

Et surtout, oui surtout, ma cousine Jeannine,
Nous faisions la moisson, récoltions le bon grain,
Et puis lorsque tournaient les ailes du moulin
Sous la meule de pierre, il devenait farine
Pour que le boulanger puisse cuire son pain.

Quand tu fermes les yeux, te souviens-tu Cousine
De l'odeur du café montant de la cuisine
Quand on se réveillait, très tôt, tous les matins,
Et de ce grand bol blanc (qui nous brûlait les mains)
Rempli de cacao pour tremper sa tartine ?

Alors viens avec moi, la campagne est si belle ;
Oh ! écoute, entends-tu le blé qui nous appelle ?
Oui, viens et nous pourrons, pendant quelques instants,
Redevenir enfants et remonter le temps.