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Philippe MARTINEAU

Paroles de Narcisse - VI

Quand autour de l’étang les saules se recueillent
et que je guette au bord le moindre mouvement,
sans doute suis-je ému que les nymphes s’effeuillent
mais ma soif est pour toi – qui souris doucement.

Quand face à l’eau dormante où ta pose m’inspire
je cherche à te baiser le front ou les cheveux,
c’est immanquablement tes lèvres que j’attire
comme s’il me fallait obéir à tes vœux.

Quand tout en redoutant que tu ne sois un leurre
je cherche à te baiser la paupière ou le front,
c’est immanquablement ta bouche que j’effleure
comme si tu voulais que j’en boive le fond.

Comme si tu voulais, quand l’heure est aux prémices,
nous contraindre aussitôt à l’acte de la fin
et nous priver ainsi du jeu d’être novices
et de garder en bouche intacte notre faim.

Sans doute suis-je ému que tes lèvres me veuillent
et que leur incarnat scintille avec le jour,
mais j’attends désormais que les nymphes m’effeuillent
et sans la moindre hâte interrogent l’amour.