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Philippe Hubert Marie GENTY

Epilogue

Serais-je couard ? serais-je lâche ?
Serais-je débile, frileux ou bête ?
Un nain, au loin, agite une sonnette ;
On peut l’approcher si l’on se cache.
Ma taille est petite, mes cheveux rebelles,
Mon nez est trop long, ma mâchoire trop mince
Elle craque et mon cou grince.
Un trou sans fond m’appelle…
Si l’on me regarde, on ne me voit pas,
Et si l’on m’écoute, on ne m’entend pas
Je suis transparent, et je ne suis pas.
As-tu entendu le bruit de mes pas ?
Ma raison est boiteuse, mon esprit tordu.
Mes mains sont petites, ma mémoire est sans filet.
Mon regard se perd vers un passé sans intérêt.
Mon passé ? Si tu l’avais connu…
J’ai parlé, chanté, serré des mains,
Embrassé les joues qu’on me tendait,
On m’a vu rire, sangloter.
On m’a surpris à espérer quelqu’un.
J’ai attendu des choses qui n’arrivèrent pas
J’ai espéré comme un aveugle croit au soleil
Luttant contre les faussaires.
J’ai tant voulu ce que la raison ne donne pas.
Il est quelque part un endroit perdu
Que les mémoires ont oublié.
C’était tout au bord d’un océan troublé,
Les femmes étaient vêtues de fichus.
Les jours ont passés, le ciel a tourné.
L’aube se lève toujours au même endroit,
La nuit a fait de moi une ombre. Crois-moi,
Je n’ai pas changé.
Regards, paroles, accolades
Lettres, billets pliés,
Secrets pillés
Et ce mur qui se lézarde.
Que tu regardes à gauche,
Que tu observes à droite,
D’un côté la vie te rate,
De l’autre la mort te fauche.

"Epilogue (42 poèmes en vers et en prose)" - Août 2003