La folle équipée mécanique Prend fin au sein de nulle part Et nous laisse, petite équipe, Face aux rares parfums des soirs Où la chaleur des profondeurs De l'aride terrain remonte Pour embaumer les baroudeurs Avides de neuves rencontres.
Chacun de nous, tour à tour, plonge Sa main dans ce sable inconnu, Et demeure en d'intimes songes Pétrifié, touché, ému Par cette fine poussière De minérales éminences, Par ces cendres de monts d'hier Promis à une autre existence.
Tel une nouvelle nourrice, Il nous accueille en son giron, Nous offre l'étendue propice A une contemplation De ce que nous désirons être; De qui nous sommes devenu, De tout le chemin parcouru Depuis le jour qui nous vit naître.
C'est par l'ocre de cette terre, Qu'avec toi j'ai repris contact, Toi l'enfant extraordinaire Qui a su demeurer intact Malgré l'oubli qui t'a couvert Durant de nombreuses années Où j'avais appris qu'il faut taire Ce que j'aurais dû exprimer :
La fragilité que je porte, L'amour des gens, celui des choses Et cette tendresse si forte Qui fait qu'à présent je m'expose Au monde, aux désirs et aux pleurs Trop longtemps en moi contenus Ou bannis, maintenus reclus En l'antre de mes profondeurs.
Cette marche silencieuse M'a mené, comme en transhumance, Vers une nouvelle naissance, Vers une vie plus radieuse, Riche de sons et de couleurs Jamais encore entraperçus Et parmi lesquels je demeure Désormais, heureux et perdu.