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Philippe BAZATOLE

Le cad...

Dans le noir.
Enfin je crois que c’est le noir.
Parce que j’ai la connaissance
Qu’il y a autre chose de parfaitement aveuglant.
Mais que l’on voit quand même.
C’est un noir différent.
Difficile à expliquer.

Les prêtresses qui chuchotent de l’autre coté
Appèlent cela la lumière.
Cela éblouit au début et puis on s’habitue.
On voit.
C’est ce qu’elles disent.
Que je verrais la lumière,
La joie,
Au moment ou je vais naître.
Le moment qui m’est destiné.

Pour le moment je suis mort.
Ce n’est pas désagréable.
Juste une sensation d’attente,
De frustration.
Quelque chose qui ne colle pas.
Et encore.

Ce n’est pas sûr.
Ce n’est pas donné à tout le monde.
Parfois on est déçu.
On n’est pas attendu.
On a été mal choisi.
On est rejeté.
Cela arrive.
Il ne faut pas y penser.
Autrement la mort serait trop longue.

C’est bientôt maintenant.
C’est ce que disent les prêtresses.
Elles sont toutes excitées.
Et nous secouent dans tous les sens.
Ce n’est pas grave.
Je suis bien calé.
Je suis prêt pour le vingt quatre décembre.