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Pellegrino SORICELLI

Réunionite

Il est debout et tout le monde s'en fout.
Se faire mousser le rend complètement fou,
Alors derrière son vidéoprojecteur,
Il masturbe sa télécommande,
Pour faire défiler son diaporama.
Il a convoqué pour leur malheur,
Des otages qu'il met à l'amende,
D'écouter son prétentieux blabla,
Et qui se demandent ce qu'ils foutent là.
Mais lui est là pour sauver la planète,
Qui sans sa science marche sur la tête :
C'est le jour de la réunion à la con,
De l'assemblée où l'on tourne en rond,
De la prise d'otages obligatoire,
Sans la moindre échappatoire.
C'est le jour des grandes parlottes,
Dénuées de toute jugeotte,
Le jour du grand brassage de vent,
Des bâtisseurs du vide et du néant,
Où tout un parterre de gens divers,
Digne d'un inventaire à la Prévert,
Compose les couleurs de ce public.
Là, un cafardeur inonde la DRH,
Immonde impératrice des peaux de vache,
De propos mi-fiel mi-arsenic,
à côté, un carriériste délateur,
Flatte et courtise son cadre supérieur,
Là-bas, une bimbo sans ciboulot,
éhontée pyromane des libidos,
Se pavane, se tortille et fait son show.
Quant à l'exité-caféiné-nicotiné,
Il invoque déjà une pause méritée,
Pendant qu'un cruciverbiste inspiré,
Crayon en bouche et l'air hagard,
Croise invariablement mots et regards,
Près d'un collectionneur de 06,
Impénitent dragueur miné de vices,
Qui roule des yeux et des mécaniques.
Le pressé, calculateur stratégique,
S'est posté près de la plus proche sortie,
Et l'obnubilé du pot de l'amitié,
A déjà mangé des yeux le buffet.
Assis près du morfale, un vieux garçon,
Taiseux tristounet en complet-veston,
Sentant la naphtaline et le formol,
Vendange ses narines de ras-le-bol,
Et passe sa récolte en serrant des mains.
Enfin un apparatchik syndicaliste,
Impayable gauchiste jusqu'au-boutiste,
En profite pour placer son baratin,
Et tendre à la sauvette des bulletins.
Et tout ce temps durant, Diaporaman,
Discute avec Powerpointwoman,
Des prochains sauvetages qu'ils ont en tête,
Mais beaucoup ont pris la poudre d'escampette,
Et bien planqué derrière son pilier,
Votre dévoué serviteur poète,
Finit juste d'écrire ce charmant pamphlet.
Tisseur de Rimes