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Pellegrino SORICELLI

Le banc aux amoureux

Dieu qu'il est malheureux,
Le banc des amoureux,
Au ban des jours heureux !
Ses amants de Peynet,
Qu'il avait tant abrités,
L'ont maintenant déserté.
Dieu que le voilà peiné !
Lui, leur fidèle confident,
Abandonné à présent,
Livré aux quatre vents.
Il s'était habitué,
à la chaleur de leurs cœurs,
Et de tous ses visiteurs,
Ils étaient ses préférés.
Il asseyait leur bonheur,
De jeunes tourtereaux,
Là où ne flirte maintenant,
Qu'un couple de passereaux.
Dieu qu'ils sont déjà loin,
Ces baisers langoureux,
Ces câlins voluptueux,
Ces instants merveilleux,
Dont il était le témoin !
Les voilà tous envolés.
Un autre banc solitaire,
Les lui a-t-il volés ?
Mais que peut-il bien faire,
Quand quatre pieds de fer,
L'emprisonnent à la terre ?
Il voudrait s'en extirper,
S'enfuir à quatre pattes,
Et partir à toute hâte,
Pour aller les trouver.
Car même s'il est de bois,
De béton et de fer,
L'amour de ces deux-là,
Lui avait donné une âme,
Et une vie qui les réclament.
Ce soir il s'endormira,
De nouveau dans le froid,
Les feuilles mortes le borderont,
Et le gel et la neige viendront.
Mais pour passer les nuits,
Et pour tromper l'ennui,
Il a bien gardé en lui,
Lovés à l'intérieur,
Un peu de leur chaleur,
Et l'espoir du retour,
De ces êtres faits d'amour.

Tisseur de Rimes