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Patrick VIOLETTE

Le capitaine

Que les écueils qui m’ont cueilli
Portent ma voix par les vents houleux
Jusqu’au devant du vaisseau vieilli
Dans lequel vos échos sont devenus feu

Permettez aux tempêtes ses intempéries
Et aux sirènes de chanter leur vœux
Chacune de vos galères m’a instruit
Mais aucune de mes nuits ne me brisera, honteux

Je ne serai jamais plus esclave du vide
Quand les tourments se proclament ma vie
Je laisse aux écumes mes élans perfides
Et aux brumes la constance de mon esprit

Je suis un égaré dans une mer de vice
Un homme qu’on a abandonné sans vivre
Et je sais l’unicité de mon âme complice
Quand seul le soleil et l’eau me délivre

Je recherche les marins des jours assidus
Après avoir vécu la pire des enclaves du temps
Nous furent témoins dans cette nuit perdue
De la première ébauche du nouveau printemps

Les vents se sont querellés avec les eaux
Pendant que naissaient des liens nouveaux
Sifflant sans cadence et chantant sans refrain
Nous assumèrent donc les caprices du matin

Sans deviner l’aube derrière la nuit
Nos songes ne retenaient plus leurs fils
Là où se croisent les égaux de toute une vie
Ce n’est jamais plus qu’un théâtre hostile
Car, composer les frasques d’un avenir affranchi
Exige de suspendre nos remords dépecés
De planter les grilles hautaines du passé
Pour incendier ce qui reste sous les débris

Saurons-nous un jour quand viendra l’intermède
Qui illuminera mon visage de ce soleil que je plaide?

Nous, corsaires, marins sur le navire hanté
Celui là même que nous avons appareillé
Vers le port céleste, oubliant les phares grillés
Nous regardons vers l’avant et continuons d’avancer

Flibustiers, venez récolter vos devises
Vos trésors cachés dans des zones grises
Aujourd’hui est le jour si bienvenue
Qui accueille le capitaine dans une nouvelle avenue

Entre deux bateaux déjà souillés par la mort
Le commandant abandonne dans sa cale tout remord
Il est maintenant prêt à toucher la terre ferme
Et à fermer le coffre de ses trésors à terme

Bienvenue chez toi flibustier