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Patrick VIOLETTE

La Nocturne

Ce courant tissé d'une violence terrassante
Fut l'image d'une ère extrême et insurgée
Le mal même dans ses entrailles fut purgé
Et maints airs noirs bordèrent nos nuits incessantes

Au temps où nos longues crinières caressantes
Déferlaient telles des vagues sur un brisant
Éparses, sur nos mantes en lambeaux frisants
Les braises de la mort brûlaient incandescentes

Les airs déformés par une tension profane
Qui démonétisaient tout lied déjà illustre
Dans l'ardeur si intense des cordes sans lustres
N'éprouvaient nul désir d'archet ou colophane

Certains sons étaient lents, lourds, d'ordre lacrymal
D'autres émanaient de fureur et de noirceur
Mais chaque fois brillait la lune du soir, soeur
Impure, dûment vouée à l'amour du mal

De sinistres cris âcres, de terreur gorgés
Exaltaient nos coeurs d'ire ou de larmes blessantes
Puis les rythmes d'une cadence harassante
Filaient nos nuits jusqu'aux cajoleries de l'or geai

De lysergiques chatteries nuées d'extase
Déposaient en nos esprits leur exquise essence
Nous indemnisant de cette déliquescence
Propres à ceux qui sur l'abus ont promus l'emphase

C'est dans une myriade de scélératesses
Qu'une brève délectation nous sustentait
Malgré l'inquiétante geôle qui nous hantait
L'ivresse octroyait ses blondes délicatesses

Nous étions naguère trois rois noctambules
Des crânes cinéraires hurlant de conscience
Ainsi que des vampires pourvus d'opalescence
Nûment, nous volions de pairs dans diverses bulles

Dans le manoir de l'infâme concupiscence
Est demeurées close, dévorant nos pensées
Celle qui d'hérésie notre vide a pansé;
La Nocturne... étanche à tout âpre sénescence