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Patrick VIOLETTE

Belzébuth– (Gloutonnerie)

Le festin est servi! La peuplade indigne mérite la potence
Et les inquisiteurs et les bourreaux verront les têtes rouler
Jusque à leurs pieds de malsains procureurs de la souffrance
Et les inquisiteurs et les bourreaux verront les corps crouler,
Le flot du sang vermeille qui ruisselle entre leurs pieds,
L’odeur de la mort exhaler dans l’instant d’un départ,
L’inéluctable équilibre qui maintient le mal au bien lié,
Le bourreau et le condamné, la proie et le traquenard

N’est-il plus instable que la composition du néant
Si elle ne se définit que par l’absence de matière?
N’est-il plus pur que le dernier souffle d’un mourrant
Si ce n’est que jamais plus il n’envenimera l’air?

C’est donc le vide qui envahit vos cœurs de spasmes
Et la mort qui nourrit vos esprits de phantasmes…

C’est pourquoi je porte une considération à vos aspirations
Car rien ne justifie la pitié à l’intérieur de mon dominion

La chair des victimes, par la voracité des tortionnaires,
Devient le banquet des rapaces et des humains carnassiers
Les anthropophages dans une alvéole fragmentaire
Se nourrissent à même les cadavres pour s'en rassasier

C’est ainsi dans cette région de l’enfer où vous vivez
Où chacun se sustente à même la faiblesse d’autrui
Sans pour autant se satisfaire de la médiocrité
Vous préférez la saveur singulière de ceux déjà meurtris…

Près du concile des impurs, le cénacle des hérésiaques
Dont les diaboliques divinités ont inspirés les conquêtes,
J’entends le propos de païens guerriers qui débarquent
De leurs frêles esquifs avec d’horribles images en tête

Des traumatismes qui infectent la psyché intime
Des images atroces qui obsèdent la pensée mortelle
Des frayeurs indéfinissables, des maux qui déciment
Voilà les armes avec lesquels je vous morcelle

Sachez bien que les divers guérisseurs de l’esprit
Souffrent eux-mêmes de mes tourments
Alors pourquoi croire qu’une éthique de vie
Peut unir des milliers de démons déments?

Sachez que vous deviendrez tous les persécuteurs
Après avoir subit les fougues de vos inquisiteurs
Car c’est le mal et la souffrance qui font naître la haine
Et c’est la haine qui nourrit vos intentions inhumaines

Sur le vaisseau de la providence mortelle
Déjà les mats se sont affaissés…
Déjà les voiles se sont déchirées…
Déjà la cale s’est gorgée de flots empoisonnés…
Mais personne ne quitte ce navire en péril
Chacun y voit là enfin son dernier exil…