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Patrick DUCHEZ

L’avare

Ne touchez point l’argent qui rebondit ma bourse !
Ne le respirez pas ! De peur de le priver
De cette exhalaison qui s’en vient aviver
Ma pépie incessante au débit de sa source.

Nul besoin d’acheter redingote ou sarrau
Quand l’hiver me refait un visage de plâtre,
Ni de faire flamber mes sous au fond de l’âtre ;
Je prends au chien son plaid, lui laissant le carreau.

Un noyau d’abricot qu’un bouillon maigre arrose
Me fait banquet peu cher du matin jusqu’au soir.
Il n’est besoin ainsi de toucher le poussoir
De mon porte-monnaie atteint par la sclérose.

Quand je vois tous ces fous dilapider l’argent
Pour remplir estomacs, gosiers de pique-assiettes
Au nom d’une amitié faisant ramasse-miettes.
Je nourris cette engeance avec fort détergent !

Quant à cette manie ancrée au fond de l’homme
De mettre dans son lit une femelle en rut
Pour assouvir sa faim de mâle à l’état brut,
Elle coûte, mazette ! Une coquette somme.

Si vous saviez les sous qu’il faut à l’entretien,
En dessous puis en fards, de telle créature
Qui crée à chaque hymen l’état de dictature
En imposant l’impôt pour l’accès au pubien.

Que nenni, pas de ça, je garde mon pactole
Et ne veux de l’émoi qu’en caressant mon or,
Le seul péché charnel qu’aucun confiteor
Ne peut me préserver devant une pistole.

Ah ! L’argent, rien que lui, mon idole et mon dieu !
Auquel j’ai consacré mes efforts et ma vie
Sans jamais arriver à tarir cette envie
De lui dire bonjour et surtout pas adieu !