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Patrick BARDIN

Chauffard

Les voitures sont profilées
Comme des requins effilés.
Leurs carrosseries bien lustrées,
Prêtes à tout avaler,
A bouffer du bitume,
A oublier la brume.
Elles sont comme des obus
Filant droit vers leur but.
Elles sont toutes dites "sportives".
Elles sont très agressives.
Voyez donc là-bas, la petite rouge,
Serpentant à vive allure,
Au milieu des gens qui bougent.
Elle n'est pas peu fière,
Son profil de squale,
Ses accélérations, sa puissance,
Ses freins, son assistance,
Sont d'une qualité telle,
Qu'ils corrigeront sans faute,
Les erreurs du pseudo pilote.
Qui se prend pour Schumacher,
Au milieu des prés verts.
La campagne, pas plus que la ville,
Ne sont faîtes, pour sans arrêt changer de file.
Enfoncer le champignon, divin accélérateur,
Ne fait pas peur au chauffeur.
Non, car, l'émérite conducteur
A une confiance totale
En lui, et en son véhicule.
C"est pourquoi il est prêt, sûr,
Le risque zéro n'existant pourtant pas,
A tester la machine, à appuyer sur la pédale oua-oua.
A croire que le constructeur,
Lui vantant ce modèle, lui a promis,
Que, rapport qualité / prix,
Il est en plus, exceptionnellement performant.
Qu'il le satisfera vraiment.
Et même, si le confort...
L'important, c'est le compte tours
Qui chatouille, qui gratouille
Les cinq mille, six mille tours.
Cà fini toujours en embrouille.
Contre un arbre, un poteau,
Contre un autre bolide, plus gros,
Contre des humains, des enfants
Qui finiront en morceaux.
Happés, fauchés, hachés méchamment
Par un odieux salaud d'assassin,
Un vilain petit chauffard,
Qui s'est réveillé un matin, en retard,
Et qui, pour rattraper le temps
A accéléré plus fort que le vent.
Il est bien avancé maintenant.
L'automobile n'est qu'un outil,
Qui ne sert, du nord au Nil,
Simplement qu'à se déplacer,
Car la vitesse, c'est dépassé.