Solitaire oubliée dans un paquet froissé Au fond d’un sac à dos depuis belle lurette, Condamnée à l’ennui, la frêle cigarette Se lamente âprement sur son corps cabossé.
Survivante flétrie d’un achat détaxé, Elle attend que le feu d’une aimable allumette L’embrase pour qu’enfin ses volutes discrètes Redonnent au tabac son prestige passé.
Insensible au mépris de venimeux ascètes, Elle aspire ardemment à couvrir la planète De ses spirales bleues à l’arôme racé.
Voyant qu’aucune main n’explore sa cachette, L'exilée se dessèche, avant de s’enfoncer Dans le gouffre brumeux des plaisirs délaissés.