Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Patrice PICHS

La doyenne des éphémères

Evinrude c’est la doyenne des éphémères
Elle a vécu deux jours et demi
Car leur moyenne est éphémère
Vingt-quatre heures d’espérance de vie
Evinrude c’est la doyenne des éphémères
Elle a survécu à la nuit
La doyenne des éphémères
Cette chanson c’est la saga de sa vie

Pas d’atermoiements
Quand on vit le temps d’un éternuement
Vivre à un train d’enfer
C’est la philosophie de l’éphémère

Evinrude en deux heures elle fut fille mère
Grand-mère arrière grand-mère
Elle emmena ses petits enfants
Voleter au-dessus de l’étang
Evinrude elle leur raconte ses souvenirs
Sa douce enfance et ses amours
Nostalgie d’une vie meilleure
Hier à quatorze heures

Pas de louvoiements
Quand on vit le temps d’un éternuement
Vivre à un train d’enfer
C’est la philosophie de l’éphémère

Evinrude elle a vécu l’amour sans fin
Avec un papillon de nuit
C’était sans doute pour ça qu’elle
S’était accrochée à la vie
Evinrude ainsi ses pairs l’appellent
Car elle vrombit comme un moteur
Dans les airs la vie est si rude
Qu’il faut prendre de la hauteur

Pas de larmoiements
Quand on vit le temps d’un éternuement
Vivre à un train d’enfer
C’est la philosophie de l’éphémère

Evinrude elle a piqué droit en plein vol
Vers la mort au fond de l’étang
Son papillon ses mille enfants
Pleurèrent à son enterrement
Evinrude en mémoire de leur amour
Le papillon sanglote encore
C’est dur tous ces cocons sans mère
Si injuste est la mort
Et la vie si éphémère

Pas d’atermoiements
Quand on vit le temps d’un éternuement
Vivre à un train d’enfer
C’est la philosophie de l’éphémère