Vos
poèmes

A Fabien Eboussi Boulaga

Est-ce ma faute à moi si vos pleurs quotidiens
Dissimulent bien mal les rictus ophidiens
De vos regards roublards de jouisseurs complices ?
D’avoir fort sangloté sur vous et vos supplices,
“Tous ces malheurs d’ici dont la source est ailleurs !”,
Vous vous mouchez le nez à grand bruit renâcleur,
Et levez le visage innocent du martyr ;
L’univers, attendri, ne peut que compatir.
Les cieux, plus clairvoyants, discernent, sous le masque
Piteux de l'oppressé, la tête de Tarasque.
Vous n'êtes pas à plaindre, comme on plaint l’innocent ;
Vous qui tramez vos vies, ourdissant, finassant,
Leurs oblongs fils ténus d’un doigté fin, habile,
En canevas écrus et toiles indociles.
Vous êtes à pleurer comme on pleure, à confesse,
Sur son passé coupable et son âme en détresse
Qui reste impénitente, infidèle, et impie.
Misérables pécheurs ! Quand serez-vous contrit ?
Blâmer le négrier, la mer, le colon blanc,
Leurs avatars récents aux assauts accablants
(L’escroc postcolonial ou néoliberal,
Et la hanse à rapace des multinationales...),
Voilà votre manœuvre et la fâcheuse usance
De démystifier votre déliquescence.
Vous leur imputez tout, sans vous reprocher rien.
Vous êtes la victime, ils sont jupitériens !
O race de serpents ! Sycophantes ! Harpies !
Quand avouerez-vous que vous allez en charpie,
Ecorchés, esquintés, par vos propres morsures ?
Que vos dents sont teintées du sang de vos blessures ?
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