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Pascal Blaise BEBOUA

A Lysie (II)

Je sais que dans la nuit où n’avait encor luit
Pour moi, aveugle, les rayons de ton soleil,
J’ai mordu quelques fois dans l’arbre quelques fruits,
Humé dans le jardin et la rose et l’oseille ;

Je sais que j’ai aimé, c’est le faible de l’homme,
Quelque amante avant toi ; je sais que j’ai péché
De n’avoir pas cueilli en premier lieu ta pomme
Dans le jardin du monde où tu étais cachée ;

Mais demande à l’oiseau qui de là-haut nous crie,
Accoure dans mes bois, parle aux fleurs du jardin,
Emprunte mes sentiers ; par mes monts et prairies
Parle sur le coteau au soleil du matin ;

Demande au papillon, au poisson sur la rive
Si jamais ils ont vu depuis que je respire
Reluire sur mon âme une flamme aussi vive,
Un amour si immense, un cœur qui tant soupire.

Aucune amie pour moi jamais ne fut plus douce,
Nul visage plus beau ni aucun cœur plus pur
Que ta fraîcheur-de-rose-sur-un-tapis-de-mousse—
L’inoubliable image éblouit mon armure !

C’est dans le paysage heureux de ton visage,
Loin des mirages creux et autres placebos,
Que je vois désormais l’ultime grand rivage
Où prend fin mon voyage à moi, ton escabeau.

Me voici à tes pieds : corps et âme et esprit,
Qui n’attend rien, mamie, qu’un cœur bien disposé
A se laisser aimer, par un amant épris,
D’un amour immortel, éthéré et osé.

Vois-tu, de mon destin, ce soir, tu as le sort
Du tourment, de la peine ou la félicitée ;
Ton cœur battra ma vie ou bien taira ma mort,
Tu seras ma fortune ou ma fatalité.

Maintenant que j’accours une fleur à la main,
Un sourire à mon œil, un rayon sur les lèvres,
Te susurrer ma flamme et t’offrir mon chemin
N'éteins pas je te prie l’ardent feu de ma fièvre !


1990