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Olivier GAIFFE

Parodie religieuse : nihilisme dogmatique

Fidèles, viendra l'heure au grand matin d'Ilvir
Où vous devrez, pénitents, gagner le salut.
Le Grand Rouleau divin que votre prêtre a lu
Ne veut que votre bien, ne veut que vous ravir.

Anticipez le jour du Grand Ravissement !
Lui seul est Vérité ! L'hérétique se ment !
Comme se ment celui qui de ce culte vire
A un culte étranger, offensant pour Ilvir.

Délestez-vous du poids de vos biens d'ici-bas !
L'au-delà ne s'encombre pas de biens si bas,
Si mesquins, si insignifiants, si laids, si vils !
Contre un bienfait divin, troquez vos biens civils !

Souverain bénéfice des grandes promesses,
Tel est le Grand Salut, et telle est ma grand' messe !

Acclamons tous Ilvir ! A genoux ! à genoux !
A genoux - dis-je encore ! Il est trop grand pour nous !
Acclamons tous Ilvir ! Les yeux clos ! Les yeux clos !
Les yeux clos - dis-je encor ! Son visage est trop beau.
Acclamons tous Ilvir ! A plat ventre ! A plat ventre !
A plat ventre - ai-je dit ! Ilvir, dans Ton ciel n'entre
Que le pénitent pur, des souillures lavé !
Et Son ciel et Son air que tous vous respirez
Sont à lui. Respirer, il faut le mériter !
Occuper son éther sans sa permission,
Déployer nos volumes sans être invités
Dans Son espace, et puis, par nos respirations

Consommer air et ciel, voler Sa création,
C'est blasphémer ! Allez, prostrez-vous limaçons !
Demandez le Pardon ! Rendez grâce à celui
Aux dépens de qui vous avez volé vos vies !

Acclamons tous Ilvir ! A genoux ! A genoux !
A genoux - dis-je encore ! Il est trop grand pour nous !
Acclamons tous Ilvir ! Les yeux clos ! Les yeux clos !
Les yeux clos - dis-je encor ! Son visage est trop beau.

Vous pouvez vous lever, et puis rouvrir vos yeux.
Décillés et lavés, ils voient plus loin et mieux.
Vous voyez tout baigné de divine lumière,
Vous baignez en Ilvir comme en une rivière.

Sa force et sa douceur, sensible, s'insinue
Dans tout à travers tout. Il est l'air et la nue
Qui mollement caresse un brin d'herbe et le plie,
Ou qui rompt le chêne, fermement établi

En la terre... Qu'il est ! Il est la terre aussi.
Rien sans lui ne serait. Puissance tellurique !
Sol solide pour ceux qui ont foi. Hérétiques,
Tremblez : sur du néant vous reposez, assis !

Tout repose sur lui, en provient, y revient :
Il est la source aussi, il est l'eau dans vos mains
Qui étanche la soif et le feu qu'elle éteint.
Ilvir est tout dans tout, hors de lui, il n'est rien.