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Olivier GAIFFE

Nietzsche VS Freud : néant de la psychanalyse

(extrait du Traité du Soupçon, section I :
"pulsion et puissance")

"Il est vrai qu'en riant, assis à notre table,
Vous trouvâtes, du prêtre, la chair délectable.
Nos estomacs dissolvaient la viande avariée
Du curé ; mais vous autres, vous le digériez,

Et vous l'assimiliez comme un sain nutriment,
Comme l'aliment d'où tirer vos boniments !
Comme lui, vous vivez de culpabilité,
Comme lui, de promesses, et vous promettez

Un Au-delà qui est l'au-delà de la cure.
C'est le verbe "sauver" conjugué au futur !
C'est l'absolution reléguée à l'infini
D'un horizon brumeux. C'est la vie qui se nie !

Le singulier salut dont vous êtes l'apôtre
Consiste à ressasser les limbes du passé,
A se ressouvenir. L'oubli, le trépassé,
Vous le ressucitez. Le nécromant se vautre

Dans le sépulcre, et vous, dans la tombe Mémoire !
De nos monstres nocturnes, ouvrant les armoires,
Par le verbe, vous pensez les anéantir ;
Mais la lumière ne flétrit pas ces vampires !

Aux portes de l'oubli, seuls des verroux d'acier
Sont utiles, et pas les apprentis sorciers !
Prêtres laïcisés, Dieu mort par vous subsiste !
A demi confesseurs, à demi exorcistes,

Vous avez, du prêtre, investi la place vide.
Vous buvez les déboires, assis, impavides,
Ecoutant des malheurs qui ne sont pas les vôtres.
On ne peut se charger des souffrances d'un autre !

On ne peut les partager tout comme un gâteau
Ou bien comme Simon prit la croix sur son dos.
La joie vient de l'oubli. C'est là le Grand Effort,
La thérapie qui ne tue pas, mais rend plus fort !"