Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Olivier AUGE

Avenir toi même

Depuis les vitres épaises de leurs étages insipides,
Assemblés sous le ciel,
Les étudiants du futur ont mis leurs rêves à l'amende.
Debout, sans bien savoir pourquoi,
Ils mirent le vide des villes,
Ne sachant plus les fleurs qu'ils ne regardent pas.

Leurs écoles modernes oublient habilement l'histoire,
Et se méfient, sans en parler, des pensées et des arts.
On leur apprend à devenir, à l'image de leur travail,
Pointus et carrés, comme des cadres.
Des réformes du dictionnaire ont suprimé deux mots sur trois
Nature, amour, vie, onirisme ou poésie
Sont autant de champs lexicaux disparus sans aucun obsèque,
Jugés partout trop dangereux pour le monde des affaires.
Leurs études sont des tremplins
Vers de hauts salaires sans saveurs
Et les metiers qu'ils envisagent,
Stoïquement, sans enthousiasme,
Sauront toujours nier les grâces et taire la sensibilité
Pour plaire aux courbes frénétiques
De la croissance économique.

Les jeunes du futur ne s'embrassent pas, faute de temps ;
Et si parfois leurs regards brillent
Ce n'est que sous l'effet de manques
Qui traversent leurs corps tristes
Comme un mystère lancinant.
Glissent leurs sexes mécaniques
Comme des objets que l'on range
Pour apaiser le lourd désorde
D'ésprits un peu trop loin des membres.
Leurs coeurs, bien trop souvent,
Battent bien plus fort sous leurs tempes
Que dans les rouges ventricules qui propulsent leur sang,
Comme une alerte rémanente, moteur d'inutiles actions
Qui enlaidissent leurs visages.
Ils portent, à la manière d'une mode,
La lassitude d'eux mêmes, blasés d'un avenir
Qui leur promet l'inexistence.

Ils ne courent pas après la vie, ils ne la percoivent pas,
Pas assez proche, reculante sous leurs pas.
Alors ils marchent vers la mort,
Sans trop y croire et par ennui, sans identité et sans âme
Parce que les jeunes du futur,
Depuis les vitres épaises de leurs étages insipides,
Ont mis tous leurs rêves à l'amende,
Pendus au vide de leurs villes.

Ma poésie leurs rend hommage pour secourir ce paradigme,
En offrant aux pupilles éteintes
Quelques photons venus d'ailleurs,
Inspirant d'autres horizons
Que ceux qui nous gâchent le ciel.
Ma poésie leurs rend hommage avant l'invasion des ratures
Pour qu'ils s'approprient le language
Comme un rempart à l'imposture
Et s'habillent d'autres images pour réinventer le futur.
Olivier Augé