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Nathalie FIALA

Deux vents

Souvent, je sens ta présence
Sur mon cou, ta caresse
Ta voix, ta bise, fait vaciller la flamme
Fait vaciller mon âme
Tu balances mes cheveux effleurant ma joue
Tu apportes de nouveaux parfums, de rose et de jasmin
Ton souffle susurre des sons suspendus
Jusqu’au-delà des cimes.

Souvent, je sens ta présence
Tu glisses, tu t’échappes, tu poursuis
Et pousse la légèreté
Parfois une poussière, un grain de sable jusqu’à mes yeux
Tu pousses les feuilles vers des lisières indécises
Ou des poussières d’antan
Au delà des frontières et du temps
Tu effaces ou tu laisses des traces sur ton passage.

Souvent, je sens ta présence
Tu soulèves les flots,
Mène les vagues vers des envolées lyriques
Rythmant les battements de mon cœur
Tu transformes tout ce qui est figé en mouvement
Dévoilant des formes inattendues
Parfois, tu ondules et soulèves les jupes des femmes
Et que vole le voile, se dérobent les toiles,
Se dévoilent des dessous insoupçonnés
Difficile de situer ta silhouette constamment
Décidée à se disperser, à s’enfuir.

Souvent, je sens ta présence
A mon oreille tu murmures des mots tendres qui
M’émerveillent
Tu fais aussi claquer les volets au grand dam de sommeils
étriqués
Tu ravives les braises de souvenirs oubliés
Le bruit des cordages sur les mats bat la cadence
Et le rythme devient danse et que vole ta présence
Tu me laisses, me lasses, me délaisses,
Ou m’enlaces frissonnante.

Souvent, je sens ta présence
Tu t’infiltres dans les sillons les plus profonds
Souvent à force de persévérances, tu crevasses des frontons
à perte de vue
Ou tu creuses des rides sur les falaises
T’y enroules, te déroules au gré de tes élans
Tu assèches les terres aux visages désormais désolés,
Esseulés
Mon visage se plisse à force de sentir ton souffle glacé.

Pourtant, le silence signe ton absence suspendu
Dans mes songes et scande ma solitude.
A quand ta douceur et ton écoute ?
Ton tiraillement entre deux mondes sépare
Et éloigne toujours plus loin
Oui, l’aile du vent toujours s’en va
En faisant bien des dégâts
En créant bien des tourments.