''La maison aux trois boîtes aux lettres…''
La ville en banlieue, Sotteville-lès-Rouen,
Avec ses pleins de rues, pas toujours parallèles,
Pas non plus perpendiculaires pour autant :
On s’y perd, on y flâne, on s’y ébroue les ailes…
Légèrement pentue, cette presque ruelle,
Elle est numérotée pour les toujours enfants,
Les rêveurs, nuls en maths, les ceux qui font la belle
Aux pairs et aux impairs, les sèment à tout vent :
D’un côté, des maisons de ville, aux numéros :
Un, deux, trois, quatre, cinq, six et sept, font paraître
Celles sises en face un tantinet vieillot,
Portant quarante-huit sur les boîtes aux lettres.
Quarante-huit serait le nombre des fenêtres
De ces cinq, six maisons aux portails, murs bien clos :
Mais l’unique maison "aux trois boîtes aux lettres",
Et nommée : "la chartreuse", aguiche le gogo…
La première, infatuée, couchée sur le muret,
Attachée au grillage orné de chèvrefeuille,
Porte comme bandeau le mot : "publicité" :
Sous et sur elle croule un tas de mille feuilles !
Et la seconde boîte, au portail… Elle accueille,
Sous toit escamoté, tous les mots des courriers :
Des gros, des grands, des doux, que l’hôtesse recueille
Pour à portée de main ; rarement au panier.
Reste une boîte aux lettres… Trois noms, sur un fronton,
Disent aux plus pressés qu’il y a, là, famille :
L’est dessin, fond percé, trompe-l’œil, horizon
Pour des mots, pour des jeux autres que jeux de billes…
