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Monique POURRE

À ma fenêtre, là…

À ma fenêtre, là, je cherche un coin de vie,
Un passant, un enfant qui donnerait l'envie
De voir l'arc-en-ciel en ses yeux pour un sourire,
D'entendre quelques mots dans les grelots du rire…

À ma fenêtre, là, parfois la rue mouillée,
Le mur du vis-à-vis aux pierres déglinguées,
Les trottoirs trop étroits pour que quelques personnes
Y musardent, stationnent et, bien sûr, compagnonnent..

À ma fenêtre, là, j'ai vu un incendie
à trois pas de chez moi, au plein coeur de la nuit,
Et aussi des pompiers. C'était une voiture,
Que m'ont dit trois voisins, brûlée par une ordure…

À ma fenêtre, là, je viens, remplie d'émois,
Quand, de ma pièce à vivre ici, j'entends les voix
Des petiots, des jeunots qui s'en vont à l'école :
Un petit coucou et mon être caracole…

À ma fenêtre, là, je vais, quand le facteur,
Grimpé sur son vélo, file à toute vapeur,
ébruitant l'alentour de sons gras, et qui stoppe :
Peut-être qu'il y a, en ma boîte, une enveloppe…

À ma fenêtre, là, je surveille une auto
Qui voudrait se garer juste sur le bateau,
Surbaissé de trottoir construit pour mon usage.
Mon palpitant se meut : Mais pour quel bavardage ?

À ma fenêtre, là, j'ai surpris, enjambant
Le portail du jardin, un homme –ou un amant?-
Qui essayait d'ouvrir, avec hâte, les portes :
Je suis restée figée, un peu comme une morte…

À ma fenêtre, là, quand des chats n'y sont pas,
J'accours au moindre bruit de mes feuillus, en bas,
Et zieute les oiseaux, des passereaux, des merles
Qui fouinent en quête de vers, insectes : leurs perles…

À ma fenêtre, là, sous les chants de grand vent,
De tonnerre, de pluie qui tintent sur l'auvent,
Je m'installe, ébahie, surveillant la tempête
Qui coucha mon épicéa, un jour… de fête !

À ma fenêtre, là, y'avait des pissenlits,
Tout un parterre offert à mes yeux éblouis
Par leur dorée vêture et leur plumeuse crête :
À leurs suivants plants verts, je n'ai pas fait la diète !

À ma fenêtre, là, s'ébrouent deux, trois matous,
Bien avant la levée du jour, quand tout est flou.
Des pleurs de nourrisson ? Je me lève en vitesse :
Et je tempête contre une chatte diablesse…

À ma fenêtre, là, je scrute mes rosiers,
Selon la saison, et prunier, poirier, pommiers,
Ou encore l'état du chasselas, ma vigne :
Tous me font vendangeur quand je perçois leur signe...