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Mohamed EL FAKHKHARI

A ma mère

Tant que je vivrai, que les créatures,
Toutes créatures de l'univers
Porteront en guise de garniture
Des palmiers, des tulipes, des primevères,

Tant que la porte de notre bahut
S'ouvrera sur le rire d'une femme,
La plus belle de toute la tribu,
La plus fragile de toutes les âmes,

Je resterai un astre lumineux
Dans les yeux émerveillés de ma mère
Et une paire de chandails laineux
Qu'elle tisse au début des mois lunaires.

Tant que je sentirai l'odeur du thé,
Des galettes partout dans la cuisine,
Que je reviendrai seul de la cité
La veille de la fête en bonne mine,

Tant que le murmure de la fontaine
Qui jaillit dans l'esplanade spacieuse
De la mosquée voisine, et la sirène
Retentiront dans notre rue anxieuse,

Je resterai une bague argentée,
Une chaîne autour du cou de ma mère
Et une poignée d'objets enchantés
Qu'elle dépose sur tes étagères.

Tant qu'une main pour me réconforter,
Pour sentir que je ne suis enfiévré,
Touchera comme une vive clarté
Le contour de mon front, mon front navré,

Tant que je graverai mon entité
Sur tous les visages carnavalesques,
Que l'histoire de la maternité
Vantera nos exploits chevaleresques,

Je resterai un garçon turbulent,
Une chanson que répète ma mère
Lorsqu'elle pend très tôt son linge blanc
Sur les fils naissants de la lumière.