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Mikaël LE SAINT

J'avais trente ans

J’avais trente ans,

Je me baignais tête nue, le Soleil irradiait ma peau ;
Le corps légèrement enfoncé dans un sable moqueur,
Des vagues taquines me léchaient de leurs eaux.
Pourquoi ? J’étais là depuis des heures…

Allongé sur le sable, offert aux eaux montantes,
Les vagues affleuraient mon crâne, encerclaient ma tête ;
Navire oublié là, épave chancelante,
Carcasse d’un bateau brisé que l’on jette.

J’avais trente ans,

Et je sentais cette eau contre mon corps lourd
Dessiner ses reliefs, épouser ses contours ;
Mes yeux étaient fermés et j’attendais encore,
Transporté par les ondes qui résonnaient alors.

Échos vibrantes, elles chantaient l’Infini,
Des univers créés aux pensées émises,
L’horizon Absolu sans limite acquise,
S’étirait doucement et sans bruit.

J’avais trente ans,

Je me baignais tête nue, les vagues d’abord timides,
Freinées par mon squelette posé dans leur sillage,
Ballottaient à présent parmi des coquillages,
Mon corps déserté vers un horizon fluide.

Au-dessus de ces restes offerts aux flots montants,
Mon âme dansait au rythme de ces vagues ;
Un fil l'amarrait à peine, inconsistant :
Il s’étiolait et filait en zigzag.

J’avais trente ans,

Mon corps peu à peu devenait l’océan,
Et l’océan devenait mon corps ;
Glissant sur l’eau, céans,
Je m’étendais encore.

Enveloppe emportée, engloutie,
Morceau d’Atlantide un instant égaré,
Moment d’îlot perdu à jamais effacé,
Métamorphosé en sourire ravi.

J’avais trente ans,

Mon être embrassait Tout dans une douce Lumière,
Mon âme ruisselait d’une chanson d’Amour,
Mon Esprit flottait ici et tout autour,
J’étais aujourd’hui, demain et hier.

J’étais « un cercle, dont le centre est partout
Et la circonférence nulle part », ailleurs et ici ;
J’étais présent et absent, rien et Tout,
Conscience océanique à l’Infini.

J 'avais trente ans.