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Mikaël LE SAINT

Au détour d'un quartier

En ces lieux, la lueur des lampadaires sourit tristement.
Les rues se ressemblent, sombres, lugubres, blasphématoires.
Des gens errent comme des morts vivants,
Traînent des vies pleines de rien, de vides, de déboires.

Nous nous ressemblions, passagers du même navire,
Glissant sur les vagues grises du bitume,
Les voiles de la jeunesse gonflés par l'amertume,
Ballotés au gré du vent nous voguions sans avenir.

Nous partagions la même tristesse,
La même déception de la vie ;
Des espoirs déçus, des histoires sans tendresse,
La désillusion comme amie.

Tu étais ma Lune et je me réglais sur ton orbite.
Nous habitions le même quartier :
Triste, sans arbres, sans herbe, sans marguerites.
Un endroit pâle et gris, sans vie, sans suite, condamné...

Ce matin, pour une fois tu souriais. Je ne saurai jamais pou
Un chauffard a surgit brusquement.
Tes lèvres se sont figées, sans émoi ;
Leur rouge s'est noyé dans le pourpre de ton sang.

Pourtant rien n'a changé...
Les lampadaires continuent d'éclairer, les rues de se resse
Les gens de se traîner comme des vampires ;
Notre quartier ne cesse de mourir.

Je porte dans mon âme ton linceul.
Et je suis de nouveau seul.

(2009)