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Michel LIOTARD

Impalpable, et pourtant!


Il nous reste quel temps docteur
En quantité ? En qualité ?
En espérance quel facteur
D’indices qu’on doit exploiter ?
Quelles puissances encore vraies
Sur les semblants d’illusions vaines,
Depuis que roulent des marées,
Comme tu sais, comme des plaines…

Le docteur il répondait pas,
Il regardait son caducée
Et son regard est tombé bas ;
Il n’y a pas de panacée !

Alors des mots, partis vers des endroits pour joindre les pe
Ont suivi dans le vent, vers des ivresseries que la lune a d
Tu sais, si calme, qui lisse sa lumière et le temps d’un ins
Bien mieux que plein de mots, des poèmes géants !

J’ai des nausées, docteur, c’est fou,
Il y a des rêves qui me poursuivent,
Mais si je vous racontai tout,
Tous les délires, toutes les rives !
Il nous reste quel temps, docteur,
En quantité ? En qualité ?
Que dit la météo, docteur,
Sur les vraies possibilités ?

Quel langage, vers qui porté,
A quel moment de la séquence ?
D’impalpables signes accostés
Loin des surfaces d’apparences.

Alors des paroles, murmures clairs, chargées de sens, posées
Et le vent comme un rire qui s’amuse à jouer,
Et fait vibrer l’espace en place,
En des parfums variés, des splendeurs de palaces,
Au delà des planches souillées
Des bateaux qui ont fini sur terre.

Déjà je sais docteur, comme tout est peuplé,
D’espoirs extravagants, de prières en tous genres,
D’ambitions suicidaires, d’intentions appelées
A s’affronter encore en de stupides guerres.
Demain n’est pas certain, aujourd’hui est ainsi,
Je me souviens des paquets de mer sur les rochers,
Et de ce qu’il se passe, dans le cœur agrandi,
Loin des cités peuplées, des landes pour marcher…

J’entend le bruit des villes, et j’en ai des migraines,
Docteur, c’est pas normal, je meurs à petits feux,
Achevez ces élans, qui meublent les semaines,
Quand je crois encore voir des mondes fabuleux.

Tu sais, des liens, qui se tiennent en musique, qui prolonge
Sans qu’on n’en finit plus, des mots qui se bousculent,
Qui sont comme tu penses, qui sont comme je pense,
Des poèmes en puissance posés sur la bascule…