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Michel LIOTARD

Bientôt le printemps


Le silence étreignit l’espace et l’engloutit ;
On étaient là sans mot comme des abrutis !
Les bruits avaient cessé leurs façons de pétoires ;
On se regardaient net un peu abasourdis
A se voir pour de vrai on étaient étourdis !

Et rien que des sourires, on faisaient le possible,
La plupart entendus quelques-uns peu crédibles,
Silencieuse impression, étrange et folle histoire,
Où les mots pour parler n’avaient besoin de rien
D’autre que ça qui est là qui s’impose et puis vient !

Mais rien que des regards, et qui reprennaient vie,
Des vacarmes muets de leurs pires envies ;
Barbouiller de couleurs les fades aventures
Des nostalgies grêlées, des culpabilités tièdes
D’objets encore vivants aux mémoires intermèdes.

Le silence étreignit l’espace et l’engloutit ;
On étaient là sans mot, comme des abrutis !
On pouvaient à loisir en prendre la mesure ;
Le terrain était neuf, on pouvait bien s’entendre,
Et on a mis le feu pour conjurer les cendres !


(Les cahiers de brouillons)